Impressionné par sa technique et son ardeur, Liu Dekuan accepta de le prendre comme élève. Sous sa tutelle, Liu Caizhen étudia le XingYi Quan 形意拳, le Ba Gua Zhang 八卦 et le Liuhe quan 六合拳. En parallèle il étudia le style Wu du Tai ji 吴式太极拳 avec Quanyou, élève direct de Yang Luchan 杨露禅, le fondateur du style Yang. Pour parfaire ses connaissances il n’hésita pas à prendre part à de nombreux tournoi dans le but de tester ses techniques.

Vers la fin de la dynastie Qing (1644 -1911), il fut engagé par la cour impériale pour escorter les hauts dignitaires lors des transports de fond contenant la solde des soldats stationnés hors de Pékin. Liu Dekuan et Liu Caizhen décidèrent ensuite de quitter Pékin et sillonnèrent les provinces du Shanxi 山西 et du Henan 河南 louant leurs services de gardes du corps. A cette époque Liu Caizhen avait trente ans et jouissait déjà d’une excellente réputation. Finalement les deux hommes s’installèrent à Baoding 保定 dans la province du Hebei 河北 et ouvrirent une agence de garde du corps.

Après la mort de son maître en 1911, Liu Caizhen retourna à Pékin. En 1912 il rejoignit avec plusieurs de ses frères d’armes (Wang Maozhai 王茂斋, Wu Jianquan 吴健全, Guo Songting 郭松廷 etYing Jichen 英吉臣) l’Institut de Recherche d’Education Sportive de Pékin créé par Xu Yusheng 许禹生. Ils souhaitaient promouvoir les arts martiaux chinois et veiller à leur transmission pour le bien-être du peuple chinois. A ses yeux le Wushu représentait une part importante de l’héritage culturel chinois. En 1916 il participa à la création de l’école d’éducation physique de Pékin. Après le mouvement du 4 mai 1919 Cai Yuanpei 蔡元培 invita maître Liu Caizhen à enseigner les arts martiaux à l’Université de Pékin. En 1932 alors âgé de 80 ans il fut invité par l’Académie centrale nationale des arts martiaux de Nanjing 南京 dans la province du Jiangsu 江苏 pour y enseigner. Il s’éteignit à Pékin en 1938.

Liu Caizhen était un homme modeste pour qui un bon pratiquant ne devait pas seulement posséder une bonne technique de combat mais aussi faire preuve d’intégrité et de moralité.